Samedi 6 juillet

Anicet KOZAR, nanti de la meilleure performance française de l’année, s’aligne en série du 800 m. Des séries, il y en aura 4, et seul le premier de chaque série sera qualifié directement pour la finale. Le plateau sera complété par 4 qualifications « au temps ». Pas question, donc, de calculs, Anicet doit gagner sa série et c’est tout…

Gérant bien sa course, notre demi miler accélère à 250 mètres de l’arrivée et se détache. A moins de 20 mètres de l’arrivée, il jette un coup d’oeil derrière lui, constate qu’il a environ 3 mètres d’avance, et se relâche. Ses adversaires qui n’en espéraient pas tant, reviennent et se jettent sur la ligne. Les supporters que nous sommes sont à deux doigts de la crise cardiaque !! Qui a gagné ? Qui est deuxième ? Qui est troisième ? Impossible de le déterminer à l’oeil nu. Le suspens est insoutenable…

Le panneau électronique rend son verdict : 1^er Anicet Kozar 1’53’’89 ; les deuxièmes et troisièmes sont crédités du même chrono : 1’53’’90. Vainqueur de la série la moins rapide, Anicet se qualifie pour la finale, mais ses deux suivants ne seront pas de la fête. Il passe pour 1 centième de seconde !!! 

Scénario complètement fou !!!

L’essentiel est acquis, place maintenant à la récupération pour la finale de demain.

Dimanche 7 juillet

C’est à 15h30, dans la fournaise angevine (et dire que certains parlent de douceur !!!) que la finale doit avoir lieu. Ils seront 10 concurrents au départ. Deux qualifiés au temps, dans le même centième et dans deux séries différentes, n’ont pu être départagés ; et un Japonais complète le plateau. La fédération a, en effet, invité une délégation nippone à ces Championnats de France.

On espère qu’Anicet, chat échaudé… nous épargnera les frayeurs des séries.

Parcourant les 250 premiers mètres dans la deuxième moitié du peloton, il se rapproche progressivement et très adroitement en prenant garde de ne jamais se laisser enfermer. Le passage aux 400 mètres se fait en un peu moins de 57 secondes . A 150 mètres de l’arrivée, le Japonais place une énorme accélération, et se détache, suivi comme son ombre par... Anicet. Cette fois, il reste concentré jusqu’au bout et, 2ème derrière le Nippon, au terme d’une course maîtrisée de bout en bout et gérée avec maestria, Anicet est Champion de France !!!

Cerise sur le gâteau, ce titre est assorti d’une première sélection en équipe de France, pour les Championnats d’Europe, qui auront lieu en Suède. 

Tout cela pour 1 centième de seconde !!! 1 centième de seconde qui sépare l’ombre de la lumière, l’être du néant…

Certains esprits chafouins diront qu’Anicet a eu de la chance. Mais la chance sourit aux audacieux, et de l’audace et du talent, Anicet n’en manque pas…

Ce dimanche 7 juillet 2019, sur les bords de la Maine, un champion et né...

Laurent Simon